You Said Strange-Thousand Shadows Vol.2 / Mowno
Composé et enregistré entre Evreux et Giverny en plein confinement, le deuxième album de You Said Strange a, dès l’origine, été conçu et pensé comme un diptyque dont la sortie se ferait en deux temps. La démarche – aussi originale que casse-gueule – avait, à l’époque, attisé curiosité, intérêt et suspicion. Premier volet d’une duologie ambitieuse, le bien nommé Thousand Shadows Vol.1 et ses déluges maîtrisés de fuzz / reverb a ainsi illuminé, tout en rudoyant nos oreilles sensibles, la fin d’année 2021. Digne du meilleur Brian Jonestown Massacre et discrètement influencé par les Dandy Warhols (dont le groupe a rejoint le cercle intime depuis sa collaboration avec Peter Holmström sur son premier LP Salvation Prayer), Volume 1 a su surprendre, séduire et, par dessus tout, faire naître l’impatience. Sans pour autant créer et alimenter le manque, le quatuor a tout simplement réussi, en un petit peu plus de trente minutes, à donner des envies viscérales de Volume 2. La prestation mérite d’être saluée…
… et notre attente, récompensée. Thousand Shadows Vol.2 aurait pu se noyer dans le recyclage et la redite. Ou, pire encore, le remplissage. Que nenni. Pas de ça ici. Racé et affûté, ce deuxième (et dernier) chapitre n’est que mise à nu, inspiration et tour de force. Moins shoegaze qu’à l’accoutumée, mais toujours aussi psyché et audacieux, You Said Strange impressionne par sa concision (le lapidaire et brut de décoffrage Control), sa réappropriation des codes (The Raft (No Way In)) et sa forte personnalité ((Song For) A Wasted Land et ses douces nappes de saxophone). Habilement mises en lumière par le mix de Daniel J. Goodwin (Kevin Morby, This Is The Kit, Wand), les huit compositions de Volume 2 sont de celles qui, clairement destinées à s’inscrire dans la durée, se partagent et réécoutent avec plaisir, le cœur au creux des mains.
Crier plus longuement notre admiration pour ce disque et essayer, plus ou moins subtilement, de placer ensuite un mot ou deux sur l’excellent festival Rock In The Barn (dont Eliot, Martin, Hector et Matthieu sont les organisateurs / programmateurs) ou les deux incroyables live sessions enregistrées par le groupe pour la mythique station de radio KEXP ne sera, au final, pas nécessaire. Thousand Shadows Vol.1 et 2 se suffisent à eux-mêmes. Des ombres par milliers, certes, mais également, et surtout, du soleil comme s’il en pleuvait.
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